De l’européocentrisme comme cache-sexe, et de l’art de la prestidigitation en politique Place Tahrir en Europe

Les faits avérés Au réveillon de fin d’année 2015 ont eu lieu des attaques concertées contre les femmes dans l’espace public, à caractère sexuel, simultanément dans une dizaine de villes, principalement en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Suède, en Finlande… Plusieurs centaines de femmes, à ce jour,…

Les retards de la gauche de la gauche en matière d’analyse et de nouvelles pratiques sociales

Comme déjà indiqué dans une précédente chronique (1)https://respu.betanum.net/chronique-devariste/regionales-2015-le-processus-de-decomposition-de-la-gauche-de-la-gauche-est-engage/7397189, la gauche de la gauche voit reculer son influence en milieu populaire (53 % de la population). Elle semble incapable de penser la fracture sociale qui s’est opérée. Mais cela ne suffit pas à comprendre la mutation en cours dans les recompositions politiques. Car la mutation sociale des partis s’accompagne d’une nouvelle ségrégation spatiale. C’est la fracture spatiale. Cet autre phénomène qui accompagne le précédent est le phénomène de gentrification en cours depuis plusieurs décennies largement soutenu par le mouvement réformateur néolibéral. La cécité de la gauche de la gauche a été également encouragée par les élus de toutes les gauches (y compris le PC) et par leurs conseillers, urbanistes et architectes, bureaucrates de la politique de la ville, qui ont accompagné ce mouvement dont la cause principale est la dynamique intrinsèque de la formation sociale capitaliste en crise du profit.

Fractures spatiale et sociale

Ce phénomène montre qu’il y a trois dynamiques principales dont le fil conducteur à l’œuvre est de voir, petit à petit, les couches populaires partir vers la périphérie et les classes bourgeoises reconquérir les villes centre et même certaines banlieues. Bien évidemment, tout cela a été accéléré par la volonté de désindustrialisation de l’oligarchie capitaliste, par la suppression progressive des grandes concentrations ouvrières, et par la dissuasion du marché immobilier en forte hausse lié au fait que les le mouvement réformateur néolibéral a toujours favorisé la rente.

D’abord la dynamique des métropoles, regroupant de plus en plus les gagnants de la mondialisation (ou qui se considèrent comme en faisant partie), soit la majorité des couches moyennes supérieures, une partie des non-salariés aisés et une partie des couches moyennes intermédiaires. C’est l’une des conséquences des actes I, II, III de la décentralisation qui s’est concrétisée récemment avec la loi Notre et la loi Mapam. De ce point de vue, chaque gouvernement a fait pire que le précédent. C’est aussi là que se crée l’emploi. A noter que c’est la première fois dans le capitalisme que la majorité des salariés ne vivent pas là où sont créés les emplois !

Puis, la France périphérique, composée des zones péri-urbaines (regroupant les villes qui ne sont pas des métropoles) et rurales, qui font vivre 60 % de la population française. C’est cette France qui voit augmenter fortement les couches populaires abandonnées par les dirigeants nationaux des partis néolibéraux de droite et de gauche mais aussi de la gauche de la gauche. Malgré beaucoup de publicité, cette France ne crée que peu d’emplois par rapport aux métropoles. Le fait que de nombreux endroits de cette France périphérique sont des zones dortoirs de plus en plus éloignées des métropoles où se trouvent le plus d’emplois, modifie bien plus l’aménagement du territoire que d’autres sujets dont on parle beaucoup plus.

(suite…)

A qui va profiter le marché de la couverture complémentaire ? Un festin de roi pour les financiers

La généralisation de la couverture santé pour les salariés est présentée par le gouvernement de François Hollande comme une avancée sociale aussi importante que la création de la CMU. Au 1er Janvier 2016, les 20 millions de salaries que compte la France doivent avoir une couverture complémentaire. C’est obligatoire : Est-ce…

« Les musulmans d’Europe, on est en train de leur enlever Paris »

Source : publié en espagnol dans « El Confidencial » le 19 novembre 2015 et sur M’Sur : http://msur.es/2015/12/10/topper-daesh-paris. Traduction pour ReSPUBLICA d'Alberto Arricruz. J’imagine Ahmed Mohamed sortant de chez lui dans l’après-midi, prêt à l’action, vérifiant la boucle de sa ceinture d’explosifs ; tout est en ordre, ah non attend, où ai-je mis le…

La Laïcité, défi du XXIe siècle, de Gérard Delfau

Évoquant les meurtres politiques et antisémites des 7-9 janvier 2015, Gérard Delfau, président de l’association ÉGALE (Égalité. Laïcité. Europe), écrit dans son dernier ouvrage La Laïcité, défi du XXIe siècle (L’Harmattan, 2015) : « Nous sommes entrés dans une période tragique de notre histoire ». Mais le livre ne préjuge pas…

La COP 21 : le climat devra s’adapter au marché ou comment on garde le logiciel qui a conduit au réchauffement climatique

NDLR - Voir l'article de l'auteur publié dans ce journal peu avant la COP21 : https://respu.betanum.net/respublica/cop-21-les-raisons-dun-echec-programme-ou-pourquoi-la-conference-sur-le-climat-naura-pas-lieu/7397051 La COP21 s'est achevée par les superlatifs « moment historique », « rendez-vous avec l'histoire », « premier texte universel dans l'histoire des négociations climatiques », « génie diplomatique » de la France ou encore « premier accord universel et contraignant portant sur…

A demain Gramsci, de Gaël Brustier

En cette fin d'année morose pour les républicains en général et la gauche en particulier, voila un livre à recommander pour ceux qui croient encore en la possibilité d'une gauche des idées tournée vers l'action. Avec A demain Gramsci (Ed. du Cerf, 2015), Gaël Brustier nous livre une analyse aussi…

Pour la République sociale poussée jusqu’au bout

Rappelons quelques phrases de Jean Jaurès : « Le socialisme, c’est la république poussée jusqu’au bout » et « La vérité de la république, c’est la République sociale » ou encore « le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale, c’est parce qu’il veut que la République soit affirmée dans l’atelier comme elle est affirmée ici (il parle à la Chambre des députés, NDLR) ; c’est parce qu’il veut que la nation soit souveraine dans l’ordre économique pour briser les privilèges du capitalisme oisif, comme elle est souveraine dans l’ordre politique, c’est pour cela que le socialisme sort du mouvement républicain. » (suite…)

ReSPUBLICA au seuil d’une année charnière

2015 aura marqué un nouveau tournant pour le pays. La naissance du non de gauche le 29 mai 2005 , la crise de 2007-2008 qui laisse cette gauche sans réponse, les grandes mobilisations de 2010 sur les retraites qui n’ont pas arrêté le mouvement réformateur néolibéral, la bonne surprise des 11 % du Front de gauche à la présidentielle de 2012, puis les attentats de 2015 et les élections régionales de décembre 2015 : le point de non-retour de la décomposition de la gauche de la gauche est atteint.

Sans visibilité sur les lignes stratégiques qui seront adoptées pour l’élection présidentielle de 2017, et sauf à sombrer dans le gauchisme, maladie infantile de la transformation culturelle, sociale et politique, ReSPUBLICA va poursuivre avec vous, en 2016, l’analyse des faits, la recherche d’un modèle politique et du discours à porter par une « gauche de gauche ».

La nécessité de la double rupture que votre journal promeut depuis longtemps en politique intérieure comme pour les pays atteints par les intégrismes – rupture anti-capitaliste et rupture anti-communautariste – n’a-t-elle pas progressé auprès des militants et des citoyens, en partie sous l’effet des événements de janvier et novembre ? Nous voyons se renforcer les courants laïques des organisations de l’Autre gauche dont des représentants nous ont contactés pour travailler ensemble : ce n’est pas le moment de suivre les extrémistes de l’extrême centre qui croient encore à la possibilité d’un compromis avec les Indigènes de la République ! Nous ne pouvons plus par ailleurs nous satisfaire du discours antilibéral, c’est bien le discours anticapitaliste qui est nécessaire lorsqu’on porte attention aux lois tendancielles du mode de production. (suite…)

L’approche de Pablo Iglesias sur quelques grandes questions politiques : florilège Choix de textes traduits et présentés par Alberto Serrano

Pablo Iglesias, quelques jours avant le scrutin du 20 décembre, recevait les journalistes du quotidien en ligne « Publico » dans son désormais célèbre mais toujours modeste appartement, hérité de sa grand-mère, dans le quartier populaire madrilène de Vallecas. La forme et le fond Interrogé sur le ton très rude et la…

Combattre efficacement le FN : avec la gauche de gauche… si elle existe !

Ce n’est pas avec le social-libéralisme que le FN sera battu. Car le FN fait son beurre sur les ravages causés par les gestions néo-libérales : insécurités physique, sociale et culturelle, relégations territoriales, dislocation des repères symboliques, absence de perspective politique progressiste. Les promesses économiques du FN sont connues : taxation de 15% des résultats nets des 50 plus fortes capitalisations boursières, nationalisation des banques, création de nouvelles tranches d’impôts sur les hauts revenus, augmentation de 200 euros des salaires inférieurs à 1,4 SMIC, retraite à 60 ans. Ce « programme économique », assorti de l’idée que l’immigration est  l’arme du grand capital  « pour peser à la baisse sur les salaires et les droits sociaux des travailleurs français », ne peut être que populaire. Il a fait partie des munitions dont le FN s’est doté pour récupérer le 6 décembre 2015 des centaines de milliers de votes ouvriers et employés qui allaient naguère à la gauche. Avec sa phraséologie huilée et bien adaptée aux souffrances sociales, il peut aujourd’hui escompter, pour les prochaines échéances électorales, accentuer le passage des couches populaires de la gauche à l’extrême droite, en conquérant les suffrages d’ouvriers et employés qui se sont abstenus le 6 décembre. (1)Voir la chronique d’Evariste dans le n° 798.

C’est pourquoi le premier axe de notre travail d’éducation populaire est de montrer que le programme économique du FN est une immense escroquerie, puisqu’il ignore la réalité de la crise structurelle qui mine le capitalisme et qu’il impute l’austérité aux seuls intérêts du capital et de la finance. Au lieu de proposer une autre politique favorable aux couches populaires, il maintient la croyance fataliste dans la légitimité des possédants.

(suite…)

Notes de bas de page

« A demain Gramsci », de Gaël Brustier

En cette fin d'année morose pour les républicains en général et la gauche en particulier, voila un livre à recommander pour ceux qui croient encore en la possibilité d'une gauche des idées tournée vers l'action. Avec A demain Gramsci (édition du Cerf, 2015), Gaël Brustier nous livre une analyse aussi…